Carême

Promesses du désert, P. Benoît Gschwind, assomptionniste

Le Carême nous conduit au désert… Au désert, il n’y a ni chemin, ni avenir. Il nous faut nécessairement avancer, décider, choisir. Il nous faut marcher, car s’il est le lieu de la rencontre, le désert n’est pas une terre nouvelle. Il n’est vraiment que le lieu du passage vers un ailleurs, la traversée qui change nos cœurs… Chaque traversée du désert nous pousse à choisir, dans le sable, la trace que nous allons suivre, la piste que nous allons ouvrir et qui nous conduira vers un ailleurs, vers une terre de promesses où coulent le lait et le miel.

Seigneur Jésus, aide-nous à te faire de la place

« Seigneur Jésus, aide-nous à te faire de la place.
Viens faire le ménage dans notre cœur.
Libère nous de tout ce qui nous empêche de t’aimer et d’être avec toi dans la joie.
Guide-nous pour que nous soyons davantage attentifs aux autres. »

Nous voici donc en Carême, et nous chantons à pleine gorge,
« Avec toi, Jésus, nous irons au désert, poussés comme toi par l’Esprit »
Et nous nous imaginons prendre courageusement le chemin du désert,
prêts à y creuser notre faim, notre soif…
Comme il serait commode de choisir le lieu et le temps de son désert…

Les vrais déserts ne sont-ils pas ceux qui s’imposent à vous et qu’il faut traverser ?
(Vaillamment si l’on peut, mais le plus souvent en tremblant) 
…. qu’il faut traverser parce qu’on n’a pas le choix…

Je te confie Seigneur, tous mes frères humains qui sont éprouvés et qui en perdent cœur :
tu les connais et je t’en parle souvent dans ma prière…
Que, par ta grâce, nous puissions être des oasis pour eux,
pour qu’ils puissent  reprendre des forces sur la margelle de Ton puits…

Et moi, quels sont mes déserts ?
Qu’est ce qui me creuse, me tanne la peau, m’éprouve
au point que, parfois aussi, j’en perds cœur ?

Je n’ai pas à m’inventer je ne sais quel désert arrangé
où je déciderais moi-même de la longueur de la marche, de l’intensité de la brûlure du soleil ! … et à la sortie duquel je pourrais contempler en me retournant mon exploit, ma performance « pour Dieu » « pour mes frères » !

Je n’ai pas à m’inventer des déserts, j’ai à habiter les miens.

Avec toi, Jésus, j’accepte de traverser ces terres arides.

Et, comme toi, je nommerai et regarderai bien en face les démons
qui voudraient me faire croire que le combat est ailleurs, la vraie vie est ailleurs,
que la marche est vouée à l’échec !

Avec toi, je veux passer …
Passer du découragement à l’humble courage
Passer de la résignation à l’humble persévérance
Passer de l’aigreur à l’humble confiance

Traverser mes déserts, sans me dessécher,
Traverser mes déserts sans me perdre,
Mais comment le pourrais-je sans toi comme passeur ?
Toi, ma boussole, mon puits pour la soif, mon compagnon de cordée ?

Merci pour ta Parole !
Merci pour ton pain !
Merci pour les frères !
Merci pour notre Pâques promise, Et par Toi possible !

Eternel et puissant est ton amour
Ne délaisse pas l’œuvre de tes mains !

Seigneur,

Quel est le jeûne que tu attends de nous ?
Quel est le partage qui te ferait “plaisir” ?
Quelle prière nous disposerait en vérité à vivre ta Pâque,
nos pâques ?

Tu nous attends “à ta suite” dans cette marche de quarante jours.
Tu nous attends précisément où tu aimerais nous entraîner aujourd’hui.

Nous voici…

Là où un frère, une sœur attendent un pardon,
là où une personne seule attend une visite,
là où une petite décision de notre part faciliterait la vie de notre entourage,
là où un appel peut surgir dans l’imprévu de nos journées.

Notre marche vers Pâques sera alors selon ta volonté,
je le crois, je le désire, je le veux.

Seigneur Tu nous as dit :
“Ce que vous faites à l’un des plus petits d’entre les miens,
c’est à moi que vous le faites”.

Merci de ta proximité dans nos frères.
Merci pour le temps du carême qui nous remet dans le vrai.
Merci pour la Vie que Tu veux épanouir en nous.

Voilà Seigneur notre prière de Carême.

« Quarante jours ! », Charles SINGER

Quarante jours pour faire le tri,
pour se délester de ce qui est inutile
comme lorsqu’il faut traverser un désert,

Quarante jours pour ne plus se contenter
de ”juste comme il faut”
pour sortir du strict minimum,

Quarante jours
pour éduquer le cœur et aimer,
apprendre à aimer, d’une façon neuve,
à la manière des premiers jours,

pour éduquer l’esprit,
l’arracher à ses obsessions, à ses idées reçues,
et l’ouvrir à la nouveauté,

pour éduquer le regard à dépasser
l’usure à travers l’écran
des masques et des apparences,

Quarante jours
pour marcher à un autre rythme,
pour changer de style, pour faire le ménage,
pour se purifier,

Quarante jours
pour regarder les autres, pour regarder Dieu,
pour écouter la Parole du Christ et la laisser faire
son œuvre de redressement au secret de nos désirs,

Quarante jours pour être transfiguré,
Quarante jours pour grandir avec l’Evangile,
Quarante jours pour apprendre à vivre !

Tu nous invites, Seigneur à nous convertir ;
une tâche jamais finie,
car nous serons toujours pécheurs.
Mais Tu ne nous laisses pas seuls pour entrer dans ce temps de conversion.
Tu nous donnes ton Fils, Jésus.
C’est avec Lui que nous voulons marcher.
Avec Lui nous irons au désert.
Avec Lui, nous gravirons la montagne.
Et, de semaine en semaine,
nous mettrons nos pas dans les siens jusqu’à communier,
plus intensément, au don total que Jésus fait de Lui-même,
sur la Croix, par amour pour nous.
Amen.

Sœurs de la Congrégation des Religieuses des Sacré-Cœurs

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